3- Les bas salaires
Par Florent LATRIVE, Christian LOSSON
Libération: vendredi 29 décembre 2006
Les bas salaires : «Le Smic sera immédiatement porté à 1500
euros bruts et rapidement à 1500 euros nets [...]. L'indexation des
salaires sur les prix sera rétablie.»
L'avis du Parti socialiste :
J.G.: «Je suis d'accord sur le principe, pas
forcément sur les modalités. Notre projet est de parvenir à 1500
euros (100 euros tout de suite) dans le courant de la législature.
Le problème ne concerne pas les grandes entreprises vu leurs
marges bénéficiaires qui ne servent pas à l'investissement
productif mais les PME. Il faut les aider sous forme
d'exonération en récupérant une partie des 25 milliards d'euros
d'aides. Quant à l'indexation des salaires sur les prix, proposée
par les antilibéraux, c'est... plutôt timide ! Un tel mécanisme
existe de facto déjà aujourd'hui et l'inflation est très faible. La
vraie question, c'est la perte de pouvoir d'achat lié au boom des
prix du logement et des transports, qui provoquent un effet
antirichesse pour les plus bas salaires sans patrimoine.»
E.B.: «Le Smic n'est pas le seul outil par lequel il
faut traiter le pouvoir d'achat des salaires modestes. Il ne faut
pas faire de surenchère sur le Smic. C'est facile de se dire plus à
gauche en demandant un Smic plus élevé. Il faut trouver un
équilibre entre le pouvoir d'achat et les risques de
délocalisations ou de départs d'entreprises.»
La réponse d'Yves Salesse :
«Les salaires ne sont pas le seul moyen d'améliorer le niveau de
vie. On peut aussi améliorer et développer des services publics.
Mais l'insuffisance des bas salaires doit être corrigée
immédiatement. Les pouvoirs publics ne commandent pas la politique
salariale, mais ils doivent agir sur le Smic. L'objection d'Eric
Besson sur les délocalisations ne tient pas. L'écart des salaires
avec la Chine ou même la Hongrie est tel que l'augmentation
proposée ne change rien. Reste la mise en difficulté des PME.
Attention : cette objection conduit à écarter toute amélioration
des conditions sociales à la charge des entreprises. Avec un tel
raisonnement, il n'y aurait eu ni congés payés ni Sécurité sociale.
De plus, la catégorie PME n'est pas pertinente. Certaines sont très
profitables, d'autres ne survivent que grâce aux bas salaires et à
la précarité. Ces dernières succomberaient au premier choc du
marché sur les matières premières ou les débouchés. Il faut les
aider par une politique de crédit du pôle financier public et un
desserrement de l'étreinte de la sous-traitance. Quant à
l'indexation, Jacques Généreux répond lui-même à son objection: il
faut revoir l'indice des prix pour qu'il rende compte plus
fidèlement de la situation.»