Contribution au débat de Claude Debons
Après la décision unilatérale de la LCR de présenter Olivier
Besancenot, celle du PCF de présenter Marie-George Buffet introduit une
rupture dans la démarche pour un rassemblement antilibéral de gauche et
des candidatures communes. On ne mesure pas encore toutes les
conséquences de cet événement, mais l’émotion suscitée chez de nombreux
militants appelle à se poser quelques questions vitales.
Comment ne pas laisser se
transformer en un immense gâchis l’espérance née de la victoire du 29
mai ? Quelles initiatives prendre pour assurer l’avenir du
rassemblement antilibéral après l’échec pour une candidature unitaire.
Comment continuer la bataille pour « changer la donne à gauche » ?
Comment donner corps au « rassemblement durable » que nous annoncions ?
Ce sont les questions à résoudre dans les semaines et mois qui viennent.
Le débat se développe sur diverses listes de
discussion. S’il faut évidemment tracer rapidement des perspectives
pour ne pas laisser la déception se transformer en découragement, il
faut prendre le temps d’une discussion collective approfondie et sérier
les questions avant d’avancer des réponses solides. Gare à la tentation
des raccourcis qui débouchent parfois sur des impasses.
Il est nécessaire d’effectuer un diagnostic des
conséquences de la rupture intervenue avec la désignation unilatérale
de MGB, de dresser un état des lieux du paysage après la bataille, de
vérifier le cadre stratégique partagé en commun pour pouvoir avancer.
Les initiatives à prendre ne sont pas les mêmes ou n’ont pas le même
sens selon la visée stratégique dans laquelle elles s’inscrivent. Pour
traverser une montagne, mieux vaut étudier l’itinéraire plutôt que de
partir à l’aveuglette sous peine de tomber sur des barres rocheuses
infranchissables.
QUEL DIAGNOSTIC AUJOURD’HUI ?
Nous sommes confrontés d’une part aux dégâts politiques
de la rupture intervenue affectant la crédibilité collective de la
gauche antilibérale en terme d’alternative et, d’autre part, à
l’attente d’une nouvelle perspective toujours vivace chez les militants
et de nombreux citoyens.
Les dégâts politiques :
Il nous faut analyser lucidement les dégâts politiques
portés à notre démarche par l’échec de la candidature commune. C’est un
échec politique majeur.
D’un point de vue général, la
perspective de « la gagne », d’être « dans le carré de tête », de
« changer la donne à gauche et d’y battre le social-libéralisme » en a
pris un sacré coup. Pour les médias et sans doute aux yeux de la masse
des électeurs (qui n’ont pas la même lecture que les militants), il n’y
a plus de perspective alternative crédible pour 2007. L’état
de la situation est illustré notamment par l’appréciation de Jean Luc
Mélanchon qui constate à regret la polarisation autour de l’opération
Ségolène Royal ou par la tribune de Michel Onfray pour qui reste le
choix au premier tour entre vote blanc et vote social-libéral. La
recomposition politique à gauche autour de l’opération Ségolène Royal
(un parti social-libéral dominant flanqué de pseudopodes PRG, MRC,
Verts, et demain...) vient d’être débarrassée d’un encombrant caillou
dans l’escarpin. On ne peut pas espérer recréer la crédibilité d’une
alternative à gauche à la même hauteur d’ici le printemps, mais peut-on
rebondir et comment ? D’autant que les candidatures de MGB et d’OB
risquent bien de ne pas voir souffler dans leurs voiles le vent du
grand large et qu’elles auront quelques difficultés à se débarrasser
d’une responsabilité dans la division actuelle.
Les dégâts seront sans aucun doute plus forts dans le
champ politique et médiatique que sur le plan militant, même si sur ce
dernier plan une vision exhaustive de la situation fait aujourd’hui
défaut.
Les effets dans les collectifs
Il sont sans doute variable selon les collectifs ; ce
sont les plus combatifs qui expriment le plus fortement l’envie de
continuer, mais nous n’avons pas des nouvelles de tous.
Plusieurs collectifs font état
d’une volonté de continuer la dynamique unitaire et, pour certains,
d’aller plus loin en terme de construction d’un « nouvel espace
politique ». Il en va de même pour des courants politiques unitaires
représentés au collectif national. C’est une bonne nouvelle, tant on
aurait pu craindre que le découragement et la dispersion ne
l’emportent. Il faut s’appuyer sur cette volonté pour construire la
suite.
Mais d’autres collectifs n’ont pas encore totalement
réalisé le caractère ferme et définitif de la désignation de MGB par le
PCF, pas plus que la volonté de la direction de la LCR de ne pas
reculer. D’autres, ou les mêmes, appellent le collectif national à se
mettre enfin d’accord sur une candidature unitaire comme si tout était
encore possible. Certains font le choix de soutenir MGB. D’autres
veulent continuer sans les « diviseurs ». D’autres encore connaissent
des « séparations de corps » entre ceux qui refusent de soutenir la
même candidature ou des baisses d’effectifs par déception et
découragement. D’autres veulent continuer ensemble malgré le désaccord
sur la candidature mais sans avoir encore défini comment gérer cette
contradiction. Les situations sont contrastées.
Quelle est la part de la déception débouchant sur la
démobilisation et de la colère nourrissant la volonté de poursuivre ?
Comment les collectifs analysent-ils les évènements qui viennent de se
dérouler et les responsabilités en cause ? Comment est perçue la mise
en opposition par le PCF du « choix le plus partagé par les
collectifs » avec le « blocage des organisations et du collectif
national » ? Comment répondront-ils aux sollicitations à soutenir
« faute de mieux » la candidature MGB ; ou aux sollicitations de la LCR
« on vous l’avait bien dit » ? Comment réagiront-ils aux sollicitations
législatives locales qui leur seront adressées ? Quels choix vont faire
les collectifs unitaires : continuer ensemble, avec tout le monde ou
avec certains seulement ?
Une vision assez précise de la réalité serait
nécessaire pour mesurer le champ des possibilités. De nombreux
collectifs se sont créés, mais tous n’avaient pas le même degré de
pluralisme. Certaines méthodes de militants « unitaires » de fraîche
date ont fait des dégâts, y compris dans des collectifs prolongeant
ceux du 29 mai. Egalement, de nombreux militants syndicaux ou
associatifs, de nombreux citoyens qui s’étaient mobilisés dans la
campagne référendaire sont restés à l’écart des collectifs « unitaires
et populaires » ; peuvent-ils être remobilisés et, au delà, de
nouvelles forces sociales peuvent-elles s’engager dans un nouveau
projet ?
Une opportunité à saisir
La situation offre une opportunité : si la perspective
d’une alternative crédible dès le printemps a reculé dans l’opinion
après avoir suscité des espoirs, son besoin s’est peut-être
paradoxalement renforcé chez nombre de militants et de citoyens
engagés. Pas seulement parce qu’il y a toujours urgence à combattre les
méfaits de la mondialisation capitaliste. Mais parce que les limites
montrées par les directions de la LCR et du PCF soulignent avec plus de
force la nécessité de faire du neuf à gauche.
La question posée et à vérifier
entre nous est simple : nous fixons-nous comme perspective la
construction d’un « nouvel espace politique », à partir de la dynamique
unitaire du rassemblement antilibéral ? Dans le débat sur les
listes internet, diverses expressions sont employées : « nouvelle
construction politique », « nouvelle force politique », « nouveau
mouvement politique », etc. Cette diversité des termes montre bien que
rien n’est figé quant à sa formalisation concrète, mais indique bien
l’ambition et la visée. Question subsidiaire :
Comment les initiatives de cours terme que nous prenons, face aux
échéances électorales notamment, s’inscrivent-elles dans cette
perspective ?
Nous ne partons pas de rien.
L’espace ouvert par la victoire du 29 mai et toutes les expressions de
rejet des politiques néo-libérales n’ont pas disparus du fait des
avatars actuels. L’écart entre les attentes sociales et les réponses
des partis de gouvernement reste immense. Même si le Tout Sauf Sarkozy
risque de provoquer un vote « utile » pour Royal à la présidentielle ;
il n’est pas si sûr que le même phénomène se reproduise avec la même
ampleur aux législatives où on choisira davantage « quelle majorité
parlementaire pour quelle politique ». Autrement dit, il peut être
possible de dégager un espace politique non négligeable dès 2007. Nous
avons des acquis : des collectifs unitaires, un travail commun entre
les courants politiques, un texte ambition-stratégie, un socle
programmatique de 125 propositions...) à partir desquels on peut
poursuivre.
Reste à préciser quand même les stratégies en présence,
les forces disponibles, la validité du cadre stratégique qui peut nous
être commun, avant de proposer les initiatives d’action et
d’organisation s’inscrivant dans cette perspective.
QUELLES STRATEGIES EN PRESENCE ?
Où va le Parti Communiste ?
Comment analysons-nous la décision unilatérale de la
direction du Parti Communiste ? Comme un simple « accident de
parcours » dans une évolution unitaire globalement positive ? Ou comme
le signe des limites atteintes par cette évolution et indépassables en
l’état actuel ? Ce qui ne signifie pas qu’il ne reste un capital
d’expériences qui peut encore produire des fruits positifs dans
l’avenir.
Mais la tonalité des discours du Comité national préparant les
questions posées aux militants pour confirmer la candidature de MGB, le
retournement d’alliance opéré au sein de la direction, le vote des
militants, montrent un retour du passé refoulé et confirment que le
travail d’analyse sur les causes du déclin historique de ce parti n’a
pas été mené au fond, sinon ils ne se seraient pas accrochés à l’idée
que la secrétaire générale du PCF était la mieux à même d’incarner le
rassemblement antilibéral.
Manifestement, la direction du PCF ne semble pas être en capacité
aujourd’hui de concevoir autre chose que la réédition du schéma
unitaire des élections régionales de 2004 en Ile-de-France. Elle ne
semble pas davantage en capacité de s’inclure dans un nouvel espace
politique autre que le rassemblement autour du Parti.
La version optimiste de l’accident de parcours
conduirait à inclure le PCF dans le « rassemblement durable » en vue
d’un « nouvel espace politique ». La version pessimiste conduit à
concevoir les relations avec le PCF sur le mode de l’unité d’action,
sans exclure des alliances ponctuelles si accord face à telle ou telle
échéance.
Où va la LCR ?
Même question pour son avenir ? Sa majorité peut-elle
évoluer et sortir de la culture minoritaire et protestataire qui la
caractérise fondamentalement ? Ou la nouvelle confirmation de son recul
à chaque fois qu’est posée la question de son inclusion dans un
ensemble plus vaste montre-t-il, là aussi, le caractère indépassable de
sa posture traditionnelle ? Ce qui la non plus ne rend pas obsolète
pour l’avenir le capital d’expériences de cette organisation.La version optimiste conduirait à inclure la LCR dans
le « rassemblement durable » en vue d’un « nouvel espace politique ».
La version pessimiste conduit à concevoir les relations avec la LCR sur
le mode de l’unité d’action ou d’alliances plus ponctuelles.
Où vont les composantes politiques unitaires du rassemblement ?
L’échec enregistré dans la construction de la
candidature commune modifie-t-il leurs engagements dans un
« rassemblement durable » et leurs perspectives d’avenir ? Certaines
seront-elles tentées de prendre leurs distances et de réintégrer leur
giron d’origine ? Pour les minorités au sein des partis (PCF, PS, LCR,
Verts), comment voient-elles leur implication future dans la poursuite
d’une démarche commune ? Pour les organisations indépendantes, comment
envisagent-elles leur avenir ? Les unes et les autres peuvent-elles
envisager un certain dépassement dans une construction commune ?
Comment parvenir à s’exprimer de plus en plus souvent en commun -
plutôt qu’en parallèle - sur l’actualité ?
Cela pose évidemment la question de la base politique
et du projet stratégique communs ; mais toutes seront-elles
partie-prenante d’un projet commun ?
QUELLE EST NOTRE PERSPECTIVE COMMUNE ?
Faire du neuf à gauche ?
Dans le texte ambition-stratégie, nous évoquons la
perspective de « changer la donne à gauche » et d’un « rassemblement
durable » de la gauche antilibérale. Vers quoi cela peut-il bien
conduire sinon à une nouvelle construction politique regroupant plus
solidement les forces antilibérales ? C’est bien cela qui devrait être
la perspective concrétisant l’ambition majoritaire édictée par
ailleurs, même si cela ne tranche pas la forme concrète à donner à
cette nouvelle construction. Pourquoi, si cette perspective était
sincèrement partagée, le dernier CN du PCF fin décembre a-t-il brandi
l’épouvantail de la « recomposition politique » pour développer une
rhétorique de défense du Parti menacé, une dénonciation malhonnête des
autres partenaires, pour justifier une candidature communiste ?
Les composantes unitaires du
rassemblement et les militants des collectifs sont-ils bien d’accord
avec le fait que « changer la donne à gauche », y « battre le
social-libéralisme » et construire un « rassemblement durable » tracent
les contours d’un nouvel « espace politique », visant à modifier
structurellement la situation à gauche et impliquant un certain
dépassement (qui ne signifie pas effacement) de chacun dans une
construction commune ?
Autour de quel centre de gravité politique ?
Nous avions affirmé vouloir être au cœur de la gauche,
être « la gauche de gauche » et non « la gauche de la gauche » ou une
« extrême-gauche plurielle ». Cela se reflète dans le texte
ambition-stratégie, le texte programmatique ; et cela aurait dû se
traduire dans le profil politique de notre campagne. Sommes-nous
toujours d’accord avec ce positionnement ? Bien sûr, certains retraits
ou ruptures peuvent modifier l’équilibre des forces au sein du
rassemblement ; cela doit-il pour autant conduire à en modifier
l’orientation politique si notre ambition est toujours de battre le
social-libéralisme à gauche pour y rendre majoritaire des orientations
de transformation sociale, démocratique et environnementale ?
Les composantes unitaires du
rassemblement et les militants des collectifs sont-ils bien d’accord
avec le fait que nous visons bien toujours, même si c’est différé, une
ambition majoritaire à gauche ; qu’en conséquence le centre de gravité
de l’espace politique à construire doit bien être « une gauche de
gauche » rompant avec le libéralisme, réalisant la synthèse entre le
meilleur des acquis du mouvement ouvrier et des combats républicains et
les apports des nouveaux mouvements sociaux, décloisonant le social et
le politique dans le respect de l’indépendance des missions
respectives, telle qu’exprimée dans nos premiers textes (appel de mai
2007, ambition-stratégie, ce que nous voulons) ?
Quel périmètre pour cette construction commune ?
L’ambition autour de l’objectif de candidatures
communes aux élections présidentielles et législatives était de réunir
tout l’arc de force des tribunes de la campagne référendaire contre le
TCE ; c’est-à-dire de donner une traduction politique à l’aspiration
antilibérale majoritaire dans le peuple français. Faut-il abandonner
cette ambition au motif que certains retraits ne permettent plus sa
concrétisation immédiate ? Ou faut-il garder l’objectif tout en mettant
en œuvre des médiations intermédiaires qui consolident l’existant tout
en laissant les portes ouvertes pour l’avenir ?
Le « nouvel espace politique » à construire comporte des militants
et citoyens divers rassemblés dans les collectifs et des organisations
ou sensibilités politiques. Pense-t-on qu’il puisse inclure en totalité
aujourd’hui le PCF et la LCR selon l’appréciation que l’on a de la
trajectoire de ces organisations ? Faut-il penser plutôt un périmètre
appuyé sur des collectifs locaux avec les minorités unitaires et les
organisations indépendantes ; les relations avec le PCF et la LCR se
réglant pour le moment sur le mode de l’unité d’action ou d’alliances
plus ponctuelles, mais pouvant aller plus loin dans l’avenir en
fonction de leurs évolutions ?
Il va de soi que les réponses que nous apportons, en commun ou
pas, à ces questions de base politique et de perspective stratégique
communes influencent fortement la nature et le sens des initiatives
concrètes à prendre pour les prochaines semaines, et notamment
l’attitude pour les présidentielles et les législatives.
Les composantes unitaires du
rassemblement et les militants des collectifs sont-ils bien d’accord
avec la nécessité de garder l’objectif du rassemblement de toutes les
forces antilibérales, tout en amorçant immédiatement une médiation
intermédiaire sous forme de processus de construction d’un « nouvel
espace politique » avec toutes les forces qui y sont prêtes maintenant ?
Quelle forme concrète donner à cette construction ?
Notre rassemblement a plusieurs dimensions : collectifs
locaux, courants politiques, personnalités... La construction d’un
espace politique fondé uniquement sur l’une (mouvement des collectifs)
ou sur l’autre (cartel politique) perdrait une part de notre richesse.
Notre construction doit prendre en compte toutes ces dimensions.
Une forme « mouvement » (plutôt que parti traditionnel) de type
« confédéral », un fonctionnement décentralisé et en réseau appuyé sur
les collectifs locaux et des coordinations départementales et/ou
régionales, une cohérence politique construite par le débat et la
recherche de la synthèse, etc, doivent être recherchés pour agréger
dans un même ensemble les différentes composantes. La structure
d’animation nationale doit le refléter ce qui suppose une
représentation en son sein des collectifs locaux par le biais de
coordination départementales et/ou régionales, pour assurer leur
représentation.
Reste à préciser de nombreuses questions : type de structuration,
mode de financement, type de structures de coordination aux différents
niveaux, processus et modes de prise de décision, outils d’animation
nécessaires (site, bulletin...), etc.
Le débat doit se développer sur
tout cela, tout en posant dès maintenant et dans la campagne politique
électorale qui vient les premières fondations de ce projet. En
septembre-octobre 2007, des Assises nationales pourraient permettre de
bâtir les murs et la toiture de ce « nouvel espace politique ».
QUELLES INITIATIVES PRENDRE ?
Être présents dans la campagne politique qui s’ouvre
Les collectifs et notre rassemblement unitaires ne
doivent pas dispaître du paysage électoral qui vient. D’une manière ou
d’une autre, nous devons être présents dans la prochaine période, et
répondre à la question : comment l’aspiration antilibérale majoritaire
à gauche peut-elle s’exprimer et se traduire dans les échéances
politiques à venir ?
Une campagne de meetings
« unitaires », appuyant ou pas des candidatures unitaires (voir
ci-après), est-elle envisageable autour de thèmes tels que :
« propositions programmatiques pour battre le libéralisme et le social
libéralisme, perspectives pour changer la donne à gauche » ? Des
réunions décentralisées pourraient démultiplier ces discussions. Ces
débats devraient permettre de populariser les idées de l’alternative,
de mener campagne autour de candidatures, et d’entamer la réflexion sur
un « nouvel espace politique ».
Les élections présidentielles
Certaines propositions lancées dans les débats évoquent
une candidature des collectifs à cette élection malgré l’échec sur la
candidature commune. Mais que signifierait une candidature
« supplémentaire », allant jusqu’au bout pour « faire payer les
diviseurs » ? Quel serait le degré de brouillage de notre message sur
la nécessité du rassemblement unitaire de la gauche anti-libérale si,
en pratique, nous ajoutons à la division ? Quel serait le centre de
gravité politique d’une telle candidature ; sans doute pas le même que
celui de notre ambition unitaire, ne serait-ce que pour se démarquer
des autres ? Quelle serait l’amplification du vote « utile » engendré
par la multiplication des candidatures à gauche (syndrome 21 avril) ?
Quel serait alors l’espace politique de cette candidature pour faire
significativement plus de voix que OB et MGB car un score de témoignage
(prévisible) handicaperait la construction future plus qu’il ne
l’aiderait.
La question d’une candidature à cette élection ne peut être conçue
d’un point de vue étroitement tactique pour un « règlement de
comptes ». Elle n’aurait de sens que si elle parlait à une large
fraction de l’électorat populaire, que si elle pouvait être un levier
permettant une construction politique durable sur une base politique et
avec un profil de candidat en conformité avec notre projet unitaire, et
que si elle assurait un résultat crédible et pas contre-productif pour
la suite. En l’état actuel des choses, une candidature
« supplémentaire » ne réunit pas ces conditions.
Ne vaut-il pas mieux rester sur
une position de principe à savoir l’unité de la gauche antilibérale
autour d’une candidature commune et mener la bataille jusqu’au bout
(dépôt officiel des candidatures) sur ce thème ? Dans ce cadre pourquoi
ne pas proposer une candidature de « substitution » appuyant un appel
des collectifs au retrait de OB et MGB ? Une telle candidature
donnerait un point d’appui pour entrer en campagne (voir ci-dessus),
permettrait un meilleur accès aux médias jusqu’à fin mars (pour
certains candidats, on ne saura pas avant le dépôt des parrainages
s’ils le seront), maintiendrait la pression unitaire et empêcherait une
captation de l’héritage unitaire anti-libéral, lancerait en même temps
notre campagne législative (voir ci-dessous). Si d’aventure (probable)
nous n’obtenions pas le retrait de OB et MGB, cette candidature ne se
maintiendrait pas jusqu’au bout pour rester cohérent avec notre volonté
unitaire. Il ne resterait qu’un mois et demi de campagne présidentielle
à passer avant de rebondir sur les législatives. Si notre campagne a
été lancée depuis le début ce n’est pas une période si longue qu’elle
soit infranchissable et nous fasse totalement disparaître.
Les élections législatives
Va-t-on se retrouver « comme si de rien n’était » avec
la direction du Parti communiste pour présenter des candidatures
communes en faisant comme si la candidature MGB avait été une
parenthèse ? Faut-il au contraire affirmer d’abord les candidatures
issues des collectifs unitaires engagés dans la construction d’un
nouvel espace politique et négocier collectivement avec le PCF et la
LCR répartition des circonscriptions, soutien réciproque, voire accord
électoral plus global ? C’est la deuxième option que je retiens.
Les législatives sont une échéance
majeure à saisir pour notre affirmation et poser les premières
fondations de notre construction future. Il faut lancer la campagne
très tôt.
Bien sûr, l’ombre porté du résultat de la présidentielle va peser
mais sans doute pas au point de faire des législatives un simple
duplicata. En effet aux législatives, la question essentielle sera :
quelle nouvelle majorité pour quelle politique ? Cette question sera
posée beaucoup plus concrètement qu’à la présidentielle davantage
dominée par la bipolarisation. Nous pouvons y répondre dans le droit
fil de notre critique de la V° République. Notre profil doit faire écho
à l’expression majoritaire antilibérale dans le pays et incarner une
politique de transformation sociale, démocratique et environnementale
répondant aux aspirations populaires et aux attentes de la société.
Nous dirons aux électeurs : les candidats de la gauche antilibérale
sont la garantie que de véritable changements progressistes adviennent,
c’est pourquoi, il faut voter pour eux.
Pouvons-nous viser et nous donner
les moyens d’un nombre significatif de candidats issus des collectifs
unitaires (150, plus ?) et mettre en place les moyens de visibilité et
de logistique de telles candidatures : une appellation commune, un
logo, une association de financement, une profession de foi, etc. ?
Autant d’éléments qui constitueraient les fondations du nouvel espace
politique en construction.
Les élections municipales
Elles sont un cadre plus direct d’intervention des
collectifs locaux et un levier d’implantation essentiel. Il faudra en
tracer le cadre politique (indépendance politique avec le
social-libéralisme, battre la droite...) et sur ces bases construire
les alliances que passerait notre « nouvel espace politique ». Mais
nous avons un peu de temps pour approfondir.
Les élections européennes
Elles seront une échéance politique identitaire forte
pour nous en référence au 29 mai. Nous disposons d’un socle fort de
propositions pour une autre Europe et le mode de scrutin à la
proportionnelle est un atout. Une occasion à ne pas manquer. Mais là
aussi, nous avons un peu de temps.
Soutien aux mobilisations et expression publique
La crédibilité d’un « nouvel espace politique »
dépendra de son articulation avec les luttes réelles dans différents
domaines et de sa capacité d’intervenir et de porter leurs aspirations.
Le décloisonnement du social et du politique dans le respect de
l’indépendance des fonctions doit être au cœur de notre démarche. Notre
crédibilité dépendra aussi de notre capacité à nous exprimer de plus en
plus souvent collectivement sur les questions politiques nationales ou
internationales. Comment se mettre en capacité pour cela ?
A la rentrée...
Nous pourrions tirer les bilans de
ces diverses activités, mesurer le chemin et les réalisations
effectuées ensemble, et consolider et amplifier le mouvement lors
d’Assises nationales pour un nouvel espace politique en
septembre-octobre 2007.
A suivre...
Claude DEBONS
Le 5 janvier 2007.