José Bové à propos de la publicité
J’apporte mon soutien total aux Déboulonneurs, à leur combat non-
violent, ainsi qu’à leurs revendications. Je me réjouis qu’ils et
elles
refusent de se résigner à voir nos villes et nos villages, nos
espaces
publics et nos vies envahis par la publicité.
Face à l’invasion
publicitaire, comme face aux OGM, il n’y a
malheureusement pas d’autre
recours, pas d’autre alternative que la
désobéissance civique. Il faut
avoir le courage de ses convictions,
pour les assumer, quitte à risquer
prison. Il faut oser la
désobéissance civique.
Le système
publicitaire porte atteinte au fonctionnement même de
notre démocratie. Il
incarne tous les travers du libéralisme
triomphant. Il n’est pas sans
effets, sans conséquences, et engendre
des dommages sociaux,
environnementaux et sanitaires indéniables –
dont nous payons tou-te-s le
prix, en premier lieu les plus pauvres
d’entre nous.
Les collusions
entre industrie publicitaire, médias et certains
hommes politiques
contribuent à la confiscation de la démocratie. Ce
système doit être
d’autant plus combattu qu’il ne rechigne pas à
enfreindre la loi : 1/3 des
panneaux sont illégaux (trop grands, à
proximité de monuments classés,
etc.).
L’invasion publicitaire porte atteinte à la dignité des femmes,
sur
lesquelles elle exerce une violence symbolique intolérable, à
laquelle nous pouvons et devons mettre fin. Elle est un danger
sanitaire – anorexie et obésité se développent de manière
inquiétante.
La publicité est un cheval de Troie d’une société et d’un
espace
public toujours plus privatisés et surveillés, à mesure que nos
libertés s’amenuisent. Les panneaux publicitaires sont utilisés pour
tester de nouvelles formes de vidéosurveillance. Les trottoirs sont
privatisés. Une nouvelle étape a été franchie récemment : les
publicitaires prétendent se substituer aux services publics, pour
nous
faire croire qu’ils oeuvrent au service de l’intérêt général.
Ils mettent
donc à disposition de certaines municipalités des vélos,
en l’échange du
marché publicitaire local. Or la publicité à un coût,
que nous payons
tou-te-s, à chaque achat que nous faisons. C’est donc
un impôt privé
qu’inventent actuellement les publicitaires, avec la
complicités des
élu-e-s locaux : plutôt que de développer des
politiques volontaristes de
réduction de la place de la voiture, ils
se réjouissent de voir des
multinationales faire semblant d’assurer
une mission de service
public.
Je ne peux donc que m’associer au choix de la non-violence
fait par
les déboulonneurs, à leur volonté d’aller jusqu’au bout de leurs
convictions, d’assumer leur choix quitte à risquer la prison. Car ce
refus est un projet, celui d’une société socialement juste,
écologiquement responsable, respectueuse de la dignité de
tou-te-s.
Je veux ici répéter qu’il n’y a pas d’incohérence à pratiquer
la
désobéissance civique puis à se présenter à l’élection
présidentielle : j’ai toujours assumé mes actes, fondés sur la
légitimité démocratique. La désobéissance civique vise à transformer
la
loi, à la faire évoluer, quand ce n’est pas tout simplement à la
faire
appliquer. Elle est une forme d’attachement au droit, à la
justice, qui
nous protège tou-te-s, et respecte notre dignité.
J’ai décidé de
prolonger ces actions, par une candidature, collective
– à l’image des
actions de désobéissance civique.
Je m’engage donc à réformer la loi de
1979, pour définir un cadre
véritablement contraignant, qui proscrive toute
dérogation.
L’affichage publicitaire n’excédera pas 50x70 centimètres, et
le
nombre de panneaux sera limité, en fonction du nombre d’habitants
dans chaque agglomération. Les panneaux illégaux seront démantelés,
au
frais des publicitaires. La publicité télévisuelle sera également
encadrée,
principalement celle qui touche les plus jeunes.
Un autre monde est en
marche.
Tou-te-s ensemble, changeons vraiment nos vies.
José BOVÉ
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