En vue de la réunion nationale des collectifs des 20 et 21 janvier 2007
Nous éprouvons tous le besoin de faire le point du chemin parcouru
notamment depuis la victoire du NON au referedum européen et à propos
de la rupture unitaire de ces derniers jours.Quels
enseignements, quels obstacles rencontrés, quelles responsabilités en
jeu (pas pour régler des comptes mais pour surmonter les difficultés)
et surtout que faire, dans l’immédiat de la nouvelle situation, qui
prépare l’avenir ?Surtout ne pas
renoncer à construire plus que jamais du langage commun et donc à
travailler à l’élaboration d’une lecture commune de ce que nous venons
de vivre.Sur la lecture du
chemin parcouru et les obstacles auxquels nous nous sommes heurtés je
partage complétement ce qu’en a dit Raoul Marc Jennar : nous avons bel
et bien été victimes des appareils, des cultures d’appareil
(LCR et PCF avec leurs spécificités liées à leur histoire) :
narcissisme de la structure, volonté hégémonique, attachement à la
conception élitiste de l’avant-garde qui éclaire le chemin des masses
inorganisées (d’autres aussi l’ont dit à leur manière).Sans oublier,
par-delà les phrases radicales, l’inscription des partis dans le jeu
institutionnel qui leur reconnaît une place privililégiée que ne
contredisent donc pas les proclamations vertueuses sur la nécessité de
subvertir les institutions.Pour exister dans ce cadre là IL FAUT en effet avoir un candidat à la présidentielle !Et ce n’est donc pas par hasard que nous nous retrouvons au bout du
compte avec un candidat du PCF, un candidat de la LCR ... sans oublier
LO et tous les autres. Tout cela bien sûr au nom de la défense de
l’intérêt des pauvres, des démunis, des sans et de l’URGENCE de
répondre à leurs besoins.Partons donc du
constat de l’incapacité de ces appareils à se hausser à la hauteur des
enjeux et à faire prévaloir les intérêts généraux du mouvement, comme
ceux du peuple sans oublier qu’à l’intérieur de ces organisations de
nombreux militants et dirigeants, bien que minoritaires, se sont
engagés sans arrière-pensées dans le rassemblement !Et maintenant que
faire dans la perspective de la rencontre nationale du 20-21 janvier et
après ? Réflexions et propositions : 1)
La candidature de Marie-George Buffet doit être désignée clairement
comme la candidature exclusive du PCF et à ce titre ne pas pouvoir se
prévaloir d’être la représentante du rassemblement des anti-libéraux.
La déclaration du collectif national - hors PCF - souligne bien cet
aspect, mais les mise en garde ne suffiront pas comme en attestent la
diffusion de certains tracts grand public ou encore la très récente
réplique du porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, aux voeux de
Jacques Chirac qui indique par exemple : "Aller de
l’avant, c’est l’ambition de Marie-George Buffet avec un rassemblement
populaire et antilibéral pour battre la droite et réussir à gauche".
On a bien vu que l’appareil de direction du PCF n’a pas hésité à rompre
l’unité avec les conséquences que l’on sait pour le rassemblement et
les risques qu’il encourt pour le parti lui-même et que donc il risque
fort de passer outre à nouveau, malgré les mise en garde, engagé comme
il l’est dans sa logique de division.C’est une question
d’autant plus décisive que par là on touche à la nature même du
rassemblement : mise en commun et en convergence de pratiques,
d’histoires et de cultures très diverses définissant un espace commun
de dialogue avec ses propres modes de décision à l’opposé du
rassemblement autour d’une seule organisation en se souvenant que c’est
ce mode de fonctionnement qui a permis la dynamique de la victoire du
NON au referendum et qui a libéré sur le terrain politique de
l’alternative antilibérale des forces considérables jusque là gelées
par la déception et le rejet des pratiques politiciennes.Laisser faire à ce
propos, c’est laisser atteindre le rassemblement dans ce qui fait sa
profonde originalité et son apport décisif au renouvellement en
profondeur des pratiques politiques et donc à la construction d’une
véritable alternative à la droite et au social-libéralisme.Ne convient-il pas
donc d’envisager une véritable campagne d’information ET dans les
collectifs ET dans l’opinion pour clarifier les positions sur cette
question et ne pas laisser s’installer le doûte ou l’ambiguïté ? 2) Le DEBAT sur la présence ou non d’un véritable candidat du rassemblement unitaire
ne doit pas être contourné car, dans la complexité des différents
paramètres à prendre en compte, les choses ne vont pas de soi et les
différents scénarii avec leurs conséquences doivent être examinés dans
leur détail et dans leurs aspects contradictoires ! 3)
Quelle que soit la décision finale et le scénario retenu, se mettre
d’accord sur la manière et les axes à partir desquels le rassemblement
sera présent ET dans la présidentielle ET dans les législatives. Une
précision concernant les législatives : dans la recherche du compromis
sur la candidature unitaire aux présidentielles la proposition du
soutien quasi automatique aux députés communistes sortants ne
devient-elle pas caduque du fait du coup de force de la direction du
PCF ? A l’inverse ne faut-il pas envisager un soutien calibré sur
l’attitude unitaire et de loyauté à l’égard du rassemblement des élus
sortants ?Et ne convient-il
pas de présenter partout où c’est possible des candidats sous le label
"candidat du rassemblement unitaire anti-libéral" soutenus pas les
collectifs locaux et départementaux nettement distingués des
candidatures de partis lorsqu’il n’aura pas été possible de parvenir à
un accord clair incluant la composante partisane ?Enfin, être attentif à la manière dont se prépare la réunion nationale.Il devrait être clairement établi dès le départ qu’il est hors de
question de discuter du ralliement des collectifs à la candidature de
MGB comme certains en caressent l’espoir. Le débat devrait partir du
"que faire ?" à partir du constat de la division et de la rupture de
l’union qu’ a ouvert la déclaration unilatérale de candidature de MGB.
Car c’est à partir de cette situation que les nouvelles tâches du
rassemblement se posent. En ce sens il faudra sans doute veiller ET
dans les collectifs locaux ET au cours de la rencontre nationale au
fait que le principe du consensus et du veto ne soient pas utilisés
pour paralyser toute initiative et laisser la voie totalement libre à
la candidature communiste se faisant passer pour ce qu’elle n’est pas !A partir du constat
que la candidature des partis ne peut pas être représentative de la
diversité et de l’originalité du rassemblement il devrait s’agir de
débattre des voies et des moyens pour surmonter dans l’immédiat l’obstacle
que constitue la proclamation unilatérale de candidatures auxquelles
nous avons à faire face, afin que la démarche que nous avons amorcé
dans la bataille du referendum continue à être visible et crédible dans
l’espace public.
Gilbert Rodriguez