QUELQUES REMARQUES A LA CONTRIBUTION DE DEBONS ET A LA LETTRE DE JENNAR
Alejandro Teitelbaum La Contribution au débat de Claude Debons datée du 5 janvier et
la lettre de R.M. Jennar du 15/1 sont des bonnes basses de discussion sur
la démarche à suivre. Je voudrais donc, faire quelques remarques 1) Les dégâts politiques de l’échec de décembre sont, en effet,
considérables, mais il ne faut pas exclure d’autres
responsabilités comme celle des membres du collectif national
avec leur proposition de Wurtz comme candidat
(proposition « désespéré et pathétique » comme écrit Jennar
dans sa lettre du 15/1). Cela a été un double erreur politique : a) croire que dans cette
étape la question essentielle pour la gauche c’est d’avoir un/e candidat/e
aux présidentielles et b) croire qu’on peut compter avec l’appareil du PC
pour mener à bien un rassemblement de gauche avec l’objectif de la
transformation radicale de la société française, qui comporte le dépassement du
capitalisme. Bien entendu, on ne peut pas compter non plus avec la LCR laquelle, malgré
leurs proclamations révolutionnaires et de lutte sociale, ne fait rien d’autre
que disputer au PC un tout petit espace politique. Quelques précisions sur les mots (qui ont beaucoup à voir avec le
contenu idéologique et politique) Je préfère parler de « transformation radicale » de la société
française ou, mieux encore, de « dépassement du capitalisme »,
pour éviter l’approche négative de l’expression
anti capitaliste. Et je refuse d’utiliser l’expression antilibéral parce que je
pense qu’elle manque de précision. Beaucoup s’obstinent à appeler “mondialisation néoliberale” le système
socio-économique actuellement dominant, comme s’il s’agissait d’une
maladie aussi passagère que curable du capitalisme. Lorsque je parle du "système capitaliste réel actuel " je ne
fais pas seulement référence à ses aspects économico-financiers, mais à
l’ensemble d’un système de domination, avec, certes, ses composantes
économico-financières mais aussi politiques, militaires, sociales, idéologiques,
culturelles, « communicationnelles » et informationnelles. Il n’y a pas un capitalisme malade de la mondialisation néolibérale, avec
son cortège de précarité, de surexploitation, d’oppression d’une part et de
surconsommation de l’autre et un capitalisme “possible” ou utopique,
stable et efficace qui fonctionne avec fluidité, exempt de crises, de
militarisme et de guerre et de poussées néofascistes. 2) Je suis tout à fait d’accord sur ce qu’il faut « faire de nouveau
à gauche ». Sans compter trop ou pas de tout avec les appareils des partis dites
de gauche qui sont plutôt un lest qu’un aide. Et sans brûler les étapes. Avant d’essayer de constituer une organisation
politique stable il faut encore parcourir un chemin long et difficile,
participant aux luttes populaires, apportant arguments solides et bien
élaborés à ces luttes dans la perspective d’un changement radicale de la
société et affinant, dans un échange permanent entre toutes et tous, un
projet politique à long terme. El pour cela, l’une des choses qu’on peut
faire c’est, comme écrit Jennar : … » mettre en place un groupe de travail chargé du réexamen des 125
propositions trop connotées par les concessions lourdes qu'il a fallu faire à la
direction du PCF ». Et j’ajoute: et rendre ces propositions
plus cohérentes dans une perspective de transformation politique et
sociale de dépassement du capitalisme. Et bien entendu, ce réexamen
doit être ouvert aux suggestions et propositions de tous/toutes, par
exemple dans un site-forum de discussion sur internet. Comme écrit Jennar dans sa lettre du 15/1, il faut …« le travail
en réseaux plutôt que l'organisation hiérarchique pyramidale traditionnelle
(c’est moi qui souligne). Nous devons imaginer une manière nouvelle
d'agir dans l'espace public qui soit en permanence en prise avec les gens et qui
ne confisque pas la volonté des gens au profit d'appareils ». Cela signifie remettre en question des formes de pensée et habitudes
imposées par la culture politique et l’idéologie dominantes a toutes les
couches et classes sociales sans exception et de promouvoir une pensée
profondément critique et autocritique afin de sortir de la logique
financière, économique, politique et sociale du système capitaliste. Parce que même la plupart des membres des classes aisées et cultivées
qui croient être « libres » dans leurs choix en fait ne sont
que des robots programmés par l’idéologie et la culture dominantes et par
les modèles de surconsommation imposées par le système en place. 3) Je partage l’idée de qu’il faut être présents dans la campagne
politique qui s’ouvre. Il faut essayer encore (sans se faire trop d’illusions) d’avoir un/e
candidat/e pour la présidentielle, afin d’avoir –c’est l’essentiel- un
espace politique et médiatique pour faire connaître les propositions de la
gauche et questionner les autres candidats. L’important c’est de faire
passer pendant la campagne électorale le message de la gauche. Je ne crois pas qu’un score de témoignage handicaperait la
construction future. Il ne s’agit pas ni d’obtenir quelques votes de plus ou de
moins ni de disputer quelques votes au PC et à la LCR. Il s’agit d’utiliser les
moyens qui permet encore le système pour faire passer le
message de la gauche. Et cela aide , n’handicape pas, la construction future.
Mais je crois aussi qu’élire un candidat dans la réunion du prochain week-
end, serait un acte "désespéré et pathétique", autrement dit, une
grosse erreur politique. Dans cette réunion il faut échanger des idées, élire une équipe de quatre
ou cinq personnes comme porte-parole du mouvement et comme éventuels
précandidats et convoquer à une nouvelle réunion début mars pour prendre
une décision sur si on présente une candidature ou pas, et le cas échéant élire
le/a candidat/e. En ce qui concerne le candidat possible, son rôle sera être
le porte-parole (avec d’autres conformant une équipe
interdisciplinaire) des idées de la gauche. Il y a une campagne de signatures pour la candidature de José Bové http://www.unisavecbove.org. , qui a
recueilli au 16/1 quelques 15.000 signatures. Moi personellement, je ne suis pas d’accord avec cette
candidature. D’abord, Bové ne fait pas l’unanimité à gauche. Même pas dans ce
qu’on appelle la gauche non encarté. Il est, par contre, assez
controversé. Jennar, dans sa lettre du 15/1, propose lui aussi maintenant la
candidature de Bové. Je trouve, dans la même lettre de Jennar, les arguments
contre cette candidature. Jennar écrit:… « il fallait que nous montrions le sérieux et la
rigueur de notre rassemblement en proposant la personne la plus compétente, le
candidat ayant la plus forte maîtrise de tous les dossiers et capable de
débattre de ceux-ci avec n'importe quel adversaire. Ma conception de la
démocratie ne privilégie pas la popularité sur la compétence (c’est moi
qui souligne) . Ce n'est pas parce qu'on accède facilement aux médias qu'on
est capable de gérer des dossiers en toute indépendance d'esprit.. …C'est la
raison pour laquelle j'ai proposé la candidature d'Yves Salesse »…(moi-même
j’ai signé il y à quelques mois l’appel de Jennar pour la candidature de
Salesse). Par contre, je crois que M. Jennar fait erreur et se contredit quand
il écrit :… « Mais signifier par une pétition ayant un large écho que
les non encartés existent et qu'ils peuvent peser ; démontrer que José peut
réunir sur son nom, par une démarche libre et spontanée, autant sinon plus de
voix que celles obtenues grâce à la manipulation des collectifs par Mme
Buffet »… Il fait erreur parce que, je pense que sans le vouloir, il
réduit la démarche pour la présidentielle a un «match»
de la gauche non encarté contre le PC et la LCR sur qui
obtiendra plus de votes. Et Jennar se contredit avec l’esprit général de sa lettre, que
je partage dans sa presque totalité. Maintenant Bové fait un appel du pied à Buffet et a Besancenot
afin qu’eux se désistent et travaillent pour une «candidature
unitaire » (la sienne). Bové, qui sait parfaitement que ni Buffet ni
Besancenot se désisteront, feint ignorer en plus ce que c’est passé
en décembre et le rôle funeste, que lui-même a dénoncé, joué
par le PC et la LCR pour saborder le rassemblement de gauche.
Je crois que l’objectif essentiel pour les présidentielles, si
possible avec un candidat, c’est que la gauche soit présent avec un
message clair de transformation sociale et pour montrer les faiblesses,
voire les omissions et les mensonges, dans les propositions des autres
candidats. 4) Pour les autres élections il faudrait établir une stratégie
selon les conditions particulières de chacune et surtout sans faire des
concessions de principe en vue d’alliances douteuses. Il y quelques thèmes, à mon avis, prioritaires, à mettre en exergue
pendant la campagne: 1) La reforme des institutions pour établir une véritable démocratie
participative, afin de contrecarrer l’hégémonie du pouvoir économique et de
l’élite politique à son service. Même Bayrou signale avec force la
confiscation du pouvoir par les élites économique, politique et médiatique. Il
faut commencer par réformer le système électoral afin que le Parlement
reflète réellement et de façon équitable les différents composants de las
société française et les différents courants politiques et de pensée. Si on
prend en compte les voix obtenus par tous les partis au premier tour de la
présidentielle de 2002 par rapport aux électeurs inscrits, ont peut extrapoler
que le Parlement représente UN TIERS de l’électorat. Et
sur la composition sociologique de l’Assemblée Nationale voir au-dessous :
Tidiane Diakite La sociologie du Parlement français. 2) Il faut faire des gros investissements pour réinsérer la population
marginalisée dans l’éducation, la formation professionnelle, le travail, la
culture et les sports et loisirs formatives. Il faut faire
aussi des gros investissements (mettant à contribution les finances et les
capitaux privés) pour garantir à court terme le droit a un logement
décent. 3) En ce qui concerne les retraites et de la sécurité sociale, partant du
principe que dans une société où la productivité de la population
active augmente rapidement, c’est à dire que le produit global (la tarte à
repartir parmi la population –l’inactive comprise-) est chaque fois plus grande,
ne se justifie pas (sauf dans une logique capitaliste et financière) que les
retraités et d’autres bénéficiaires de la sécurité sociale
s’appauvrissent. 4) La promotion des emplois d’intérêt public, général et social, la
limitation progressive de la flexibilité du temps de travail dans toutes les
catégories salariales, y compris les cadres (au nom du droit de chacun et
chacune à gérer son temps libre), et la réduction progressive du temps de
travail en fonction de l’augmentation de la productivité. Voir Pietro
Basso, Temps modernes, horaires antiques . http://www.revue-interrogations.org/article.php?article=40 5) La redistribution des revenus, chaque fois plus inégalitaires
(voir l ‘Observatoire des inégalités, L’état des inégalités en France, 2007),
moyennant une politique fiscale adéquate. La «polémique » à l’intérieur du PS à
propos des impôts sur les revenus cache l’essentiel : la nécessité
d’un impôt fortement progressif pour les revenus les plus grosses. 6) L’égalité hommes-femmes dans l’emploi et la parité homme-femme
dans la fonction publique élective (actuellement il y a 13% de femmes à
l’Assemblée Nationale). 7) La question environnementale. Une industrie et une agriculture propres
sont des priorités urgentes. De même le développement des transports en
commun et une politique forte de dissuasion de l’utilisation du transport
privé. Il faut promouvoir l’utilisation des énergies non polluantes. 9) Avec des mesures fiscales et autres, il faut décourager –voire empêcher-
la délocalisation des entreprises, la migration des capitaux et l’évasion
fiscale. 10) Sur le plan européen il faut agir pour une Europe
démocratique et sociale et finir avec la dictature de la Commission
européenne, fidèle exécutant de la stratégie du pouvoir économique
transnational. 11) Sur le plan international, la France doit cesser d’être un
satellite de la politique des Etats-Unis (pour le retrait immédiat
de l’OTAN), défendre sans détour le droit d’autodétermination des peuples et des
Etats, sans tomber dans le piège de collaborer avec les USA
dans des menaces d’agression ou des agressions contre différents
pays au nom de la “démocratie”, la “sécurité internationale” et la
«lutte contre le terrorisme ». Voir la synthèse du livre de Jean Bricmont
Impérialisme Humanitaire. Droits de l’homme, droit d’ingérence, droit du plus
fort ? http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2845 Finalement, contre l’idée très répandue de que des mesures sociales
fortes seront nuisibles à la compétitivité de la France dans le marché mondiale
lire, entre autres : Michel Husson, Pour dégonfler la baudruche de la
compétitivité. http://www.lagauche.com/lagauche/article.php3?id_article=547 -------------- Mercredi 18 Octobre 2006
Ce dernier objectif il y a longtemps qui a été abandonnée
par le PC français et par la plupart des PC dans le monde, qui se
limitent à demander quelques réformes économiques et sociales,
manifestement impossibles de mener à bien dans le cadre du
capitalisme.
Ce que l’on nomme
mondialisation néoliberale n’est autre que le système capitaliste réel actuel,
c’est-à-dire le résultat de l’évolution du capitalisme jusqu’à son étape
actuelle.
En attendant il faut tester s’il existe la possibilité de
récolter les 500 signatures nécessaires pour la présentation d’un
candidat.
Si finalement, soit parce qu’il n’y pas des promesses de signatures
suffisantes, soit parce qu’on considère qu’il ne faut pas présenter un/e
candidat/e, on peut continuer à faire campagne, même sans candidat, au nom
des idées et des méthodes politiques novateurs et différents de ceux des
candidats et Partis en lice.
Il n’y pas de doute, cela sera une expérience
enrichissante.
Pour moi, et pour pas mal d’autres à gauche, son discours
est trop enfermé dans les thèmes des OGM et la malbouffe et il reste
très flou ou silencieux sur d’autres sujets fondamentaux.
Je crois qu’élire un candidat ce week-end, Bové ou un autre, ne
serait pas sérieux. Et vouloir forcer la candidature de Bové ce week- end
avec l’argument de 15 ou 20 mille signatures sur un électorat de gauche
estimé entre 10 et 12 millions, c’est répéter le gâchis de décembre.
8)
Il faut rétablir le principe du service public dans la santé, l’éducation, le
logement, et les transports qui sont des droits de la personne dont la
jouissance ne doit pas être soumise aux lois du marché.
La sociologie du Parlement français,
Tidiane Diakite, http://ti.diak.over-blog.com/article-4215956.html
…les
professions les plus représentées sont prioritairement celles du secteur public
: fonctionnaires, enseignants, haute fonction publique totalisent 35,6% de
l'Assemblée de 2002, soit 205 députés sur 577…. Le secteur privé y est présent
par ses cadres : chefs d'entreprises, administrateurs de sociétés. D'une manière
générale, les professions libérales : médecins, avocats, architectes,
journalistes arrivent en deuxième position derrière les fonctionnaires.
Au
bas des marches, se regroupent, sur les travées, 24 ouvriers et employés, 12
agriculteurs, 9 artisans et commerçants….
Or, proportionnellement à la
population du pays, ces chiffres sont inversés. En effet, les professions
libérales comptent pour 1,3% des actifs, mais presque 20% de l'Assemblée
nationale. Quant aux fonctionnaires, ils constituent à peine 20% de la
population active mais 35,5% des députés. Enfin, le gros de la
population active nationale, les ouvriers et employés : 57%, voit sa supériorité
numérique réduite à une peau de chagrin : 4% de l'Assemblée nationale.
..
Retour au Blog