A Aubagne, un premier meeting «alterorganisé»
Le leader antilibéral a lancé hier une campagne collective en forme de joyeux bazar.
Par Matthieu ECOIFFIE
Libération: jeudi 8 février 2007
«L
ibérez José !» Hier soir, à l'Agora d'Aubagne, ils étaient
plus de 2 500 à s'être déplacés pour le premier meeting national
«joyeusement bordélique» du candidat
«trait d'union» de la gauche antilibérale dont la Cour de
cassation vient de confirmer la condamnation à quatre mois de
prison (lire ci-contre).
«J'ai une épée de Damoclès au-dessus de la tête, je risque de me
retrouver derrière les barreaux. Je me bats pour des
idées», lance le leader paysan qui dénonce une
«condamnation politique». José Bové passe avec aisance du je
au nous :
«On s'est battus dans les rues, les entreprises et dans les
champs pour faire reculer le libéralisme. Aujourd'hui, ce qui est
important c'est que nous avons décidé de mener ce combat dans les
urnes. L'insurrection électorale est en train de se lever.»
Désobéir». Sur une scène soixante-huitarde bariolée
à la gouache se succèdent syndicalistes, alterécologistes,
unitaires de la LCR et du PCF. 21 orateurs, trois minutes maximum
chacun.
«On n'est pas inorganisés, mais alterorganisés», assure un
orateur.
«Je sais que l'unité ne se décrète pas. C'est quelque chose qui
se construit», assume Bové. Et c'est pas gagné avec Besancenot
et Buffet eux aussi sur le créneau antilibéral.
«4 % le 1er février, plus 4 % dans quelques semaines. Plus 4 %
le 22 avril et nous aurons a changé la donne à gauche», veut
croire le militant altermondialiste Raoul-Marc Gennar. Etienne
Chouard, le blogueur noniste, demande à Bové
«un homme libre de parti» une
«assemblée constituante tirée au sort». Nordine, militant du
Mouvement de l'immigration et des banlieues (MIB) l'assure du
soutien des cités :
«Les jeunes des quartiers ne s'intéressent pas aux OGM et à la
mondialisation. Mais le chômage et la précarité, on peut les
modifier avec toi. Si José n'est pas au deuxième tour, on sera au
troisième avec lui : pas de justice, pas de paix.»
Le candidat condamné demande à l'assistance de «désobéir aux lois de Sarkozy. Aidez les sans-papiers». Et de dénoncer «les propos racistes» du ministre de l'Intérieur qui a dénoncé sur TF1 lundi soir les musulmans «égorgeurs de moutons».
«Dire oui à quelque chose». Patrick Braouezec, député
PCF de Seine-Saint-Denis espère que
«José et nous tous, on peut être le symbole d'une France
populaire qui aimerait dire oui à quelque chose. Je ne désespère
pas que Buffet et Besancenot puissent entendre l'appel à l'unité
que nous lançons ce soir et retirent leur candidature». Quant à
Ségolène Royal, qui
«réajuste son discours, dénonce le profit rapace, dit qu'elle
serait la voix des sans-voix», rappelle Yves Salesse de la
fondation Copernic,
«il ne suffit pas qu'elle le dise pour être crue. Si elle veut
l'être, nul doute qu'elle nous rejoindra pour la régularisation des
sans-papiers et le Smic à 1 500 euros tout de suite». Reste à
réunir les 500 signatures :
«Et ce n'est pas seulement un slogan», a conclu Bové.
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