5. BCE et Pacte de stabilité
Par Florent LATRIVE, Christian LOSSON
Libération : vendredi 29 décembre 2006
BCE et Pacte de stabilité: «Remettre en cause le statut
d'indépendance de la Banque centrale européenne (BCE) vis-à-vis de
tout contrôle politique, transformer ses missions et la placer sous
contrôle parlementaire, afin de réorienter la politique monétaire
européenne [...]. Remise en cause du Pacte de stabilité que nous
n'appliquerons pas en tout état de cause s'il gêne notre
action.»
L'avis du Parti socialiste :
J.G.: «Là-dessus, je trouve les collectifs, comme sur
d'autres sujets économiques, presque timorés ! Car oui, le Pacte de
stabilité gêne notre action ! Il faut le remettre en cause car il
est stupide et [il] interdit une coopération politique fiscale et
monétaire. Autrefois, la gauche du PS était raillée quand elle
prônait l'abandon du Pacte et la réforme des statuts de la BCE.
Aujourd'hui, au sein des socialistes européens, un consensus émerge
pour dire qu'il faut le revoir. Reste à savoir, là encore, comment
on s'y prend. Et là encore, si on s'accorde sur la plupart des
objectifs des antilibéraux, on peut diverger sur les moyens d'y
parvenir.»
E.B.: «La question n'est pas de remettre en cause
l'indépendance de la BCE. Il doit y avoir un équilibre entre son
autonomie et l'existence d'une instance démocratique avec laquelle
il y a dialogue et coopération pour nous, ce serait le
gouvernement économique européen. Cela passe par l'introduction
dans le mandat de la BCE de la croissance et de l'emploi, et plus
uniquement de l'inflation. C'est déjà le cas dans d'autres pays,
notamment aux Etats-Unis.»
La réponse d'Yves Salesse :
«Eric Besson fait des propositions qui n'étaient pas dans le
projet de constitution européenne qu'il défendait et qui n'ont pas
fait l'objet d'une bataille lorsque le PS dirigeait le
gouvernement. Est-ce une manie de ne proposer les choses qu'une
fois l'occasion passée ? Sur le fond, nous préférons le contrôle
par le Parlement que par le «gouvernement économique» dont Jacques
Delors parle depuis longtemps et qui n'a jamais vu le jour parce
que les gouvernements ne représentent jamais une force unie capable
de faire contre-poids à la BCE. Généreux nous trouve timides. Tant
mieux. C'est déjà le signe que nous n'avons pas donné dans la
surenchère. Nous disons trois choses sur les moyens de notre
politique européenne. Il faut mener un travail de conviction. Et ne
pas se limiter à la négociation diplomatique : il faut conduire les
batailles avec toutes les forces qui existent dans les autres pays
et [qui] veulent remettre en cause les politiques libérales. Il
faut bloquer les nouvelles régressions comme le permet le système
institutionnel actuel. Enfin, il faut refuser d'appliquer ce qui
étouffe l'action politique. La droite ici et Schröder en Allemagne
n'ont pas appliqué le Pacte de stabilité. Sans drame. La gauche
plurielle n'avait pas osé.»